Retour sur le salon PETIT
Lille – 30.11.2017
Bien que ce salon présente un aspect fort commercial et que l’attitude de l’auditoire lors des interventions ait été peu respectueuse, le résumé du contenu des conférences vaut la peine d’être lu. Tout au long de la journée, Sylvie Rayna et Frédéric Boyer ont amené des pistes de réflexion afin de favoriser l’implication et la participation des parents au sein des milieux d’accueil de la Petite Enfance ; une collaboration professionnels-parents plus que nécessaire pour le bien-être des enfants !
AVEC LES FAMILLES DANS LES STRUCTURES D’ACCUEIL ET D’ÉDUCATION DE LA PETITE ENFANCE
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PARTICIPATION DES PARENTS : ROLE DE L’ART ET DE LA CULTURE LIRE AVEC LES PARENTS DANS LES SRUCTURES DE LA PETITE ENFANCE
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LIRE-CHANTER AVEC LES PARENTS DANS LES STRUCTURES DE LA PETITE ENFANCE
Intervenants :
Sylvie RAYNA & Frédéric BOYER
AVEC LES FAMILLES DANS LES STRUCTURES D’ACCUEIL ET D’ÉDUCATION DE LA PETITE ENFANCE
SYLVIE RAYNA
Pourquoi la participation des parents ?
Sylvie Rayna, responsable du programme de recherches Petite Enfance EXPERICE à Paris, est intervenue lors de ce salon sur les raisons et objectifs d’une plus grande participation des parents et des familles dans l’accueil des jeunes enfants. Améliorer la participation des parents se retrouve dans les recommandations internationales et prescriptions nationales car il s’agit d’un élément clé de la qualité d’accueil. En effet, la qualité se construit dans un contexte donné et se coconstruit entre les différentes parties prenantes, les professionnels et les parents. Cependant, la formation initiale et les changements sociétaux qui amènent des configurations plus particulières des familles ne fournissent pas toujours les outils nécessaires pour faciliter la participation des parents. La participation peut se jouer au niveau décisionnel et/ou démocratique. Cela favorise l’équité, le lien social et l’accueil de la diversité. Par exemple, dans les pays nordiques, il existe une décentralisation. Les parents coconstruisent les projets pédagogiques et participent au processus de décision et de validation. En Suède, les parents ont la possibilité d’évaluer le projet pédagogique, ils mettent donc en place une approche démocratique.
En Italie, à Pistoia, un travail est réalisé au niveau des communes. Il y existe une certaine « culture de l’enfance » qui se trouve être une ressource pour la ville. L’alliance professionnels-parents y est centrale. Les milieux d’accueil sont des espaces accueillants où ont lieu des rencontres chaleureuses et significatives. Les couloirs sont des avenues propices à l’échange ; les parents sont invités à rester au sein des structures via par exemple, des espaces de narration. À Pistoia, l’espace est le troisième éducateur. Certaines structures mettent en place « des musées sentimentaux » qui affichent des souvenirs matériaux en lien avec les parents. Les couloirs et murs communiquent via des échanges de messages, des affiches etc. Dés les premiers jours, lors de la familiarisation, les parents sont amenés à créer quelque chose avec les professionnels, selon leurs compétences, qui pourra être affiché et partagé. On valorise la relation via la construction, ce qui permet également de favoriser la récupération. La documentation, via des panneaux, permet d’individualiser tout en restant dans le collectif. Cela permet aux parents de voir ce que leurs enfants ont fait de leur journée, « que s’est-il passé d’important aujourd’hui ? ». Chaque enfant a également un cahier personnel qui favorise la communication entre professionnels et parents. A Pistoia, ils favorisent les événements et sorties avec les parents ainsi que la participation à la culture de la structure.
La France, quant à elle, a besoin d’ouverture car souvent les parents ne sont pas bien accueillis dans les structures. Ils sont invités à partir beaucoup trop vite. Cependant, certaines choses sont tout de même mises en place (crèche parentale, structure coopérative…) mais sont passées sous silence. Il existe toutefois un potentiel à exploiter pour que les parents trouvent leur place. L’implication des parents améliore l’accueil et professionnalise le personnel. Il faut donc prendre la peine de s’y attarder…
PARTICIPATION DES PARENTS : ROLE DE L’ART ET DE LA CULTURE
SYLVIE RAYNA
Selon Sylvie Rayna, la participation des parents peut également est stimulée via l’art et la culture.
La musique, par exemple, permet d’amener les parents et les professionnels sur un pied d’égalité. Les professionnels peuvent recueillir les musiques des pays d’où proviennent les parents ou des chansons de leur enfance et créer un cd regroupant ces morceaux afin de le partager. Des boîtes à histoires peuvent également être mises en place et valoriser la diversité. Le principe est simple. Il s’agit d’une boîte contenant des contes qui vont être animés par les parents via de simples objets en français et ensuite dans leur langue maternelle. Cela intéresse beaucoup les enfants qui sont émerveillés par les différentes sonorités des langues. Ils ressentent également souvent de la fierté à voir leurs parents raconter un conte à l’ensemble des enfants.
La participation des parents peut également être encouragée via l’art vivant. Cela peut passer via des activités autour du savon qui valorisent le langage du corps ou via un cabinet des curiosités qui regroupent des objets des parents. La culture peut être mise en avant via des fêtes de quartier, ce qui permet d’apprendre les uns des autres. Les structures peuvent aussi améliorer la relation professionnels et parents via des activités intergénérationnelles en invitant, par exemple, les grands-parents musiciens, dessinateurs… Il est important de passer du « pour » les parents à AVEC les parents. Le travail en réseau inter-établissements, les partenariats et les voyages d’étude permettent également de voir ce qui se fait ailleurs et de s’en inspirer afin d’améliorer la qualité d’accueil.
LIRE AVEC LES PARENTS DANS LES SRUCTURES DE LA PETITE ENFANCE
FREDERIC BOYER
Frederic Boyer est lecteur, formateur et responsable de la coordination de l’asbl « Lire Paris ». Cette asbl a pour buts d’éveiller les enfants à la lecture dés le plus jeune âge, de soutenir l’échange autour des livres et des images et de permettre aux parents de s’impliquer dans la vie des structures. Le parent étant le premier éducateur de l’enfant, il est important de reconnaître sa place et de co-construire avec lui. Le parent permet un ancrage des pratiques au domicile. Parfois le livre n’a pas sa place à la maison, par manque de temps, d’envie ou de moyens. En effet, de nombreux obstacles existent. Certains parents n’ont pas conscience de l’intérêt de la lecture à voix haute pour l’enfant. D’autres ne pensent pas que les bibliothèques soient également adaptées pour les tout-petits ou alors se disent que ce n’est pas leur rôle mais plutôt le rôle des structures. Il peut également y avoir la barrière de la langue.
L’asbl essaie donc de favoriser la participation des parents tout en s’ajustant au rythme, goûts et capacités de l’enfant. Il est judicieux pour cela d’utiliser des livres passerelles, des livres attrayants esthétiquement. La qualité des livres est importante, il faut faire attention au texte et à la musique des mots. Il peut être aussi nécessaire, parfois, de déconstruire les préjugés des parents. Les livres ne sont pas que des outils d’apprentissage. Lire, c’est aussi jouer. Frederic Boyer met également en avant l’intérêt des albums de comptines et des contes universels qui incitent à la diversité.
Ce dernier souligne aussi la nécessité de passer d’une participation périphérique à un engagement des parents via une reconnaissance et une valorisation de leur expertise. Il faut leur donner une place et recueillir leurs avis et impressions sur les différents livres. Pour se faire, l’asbl a déjà mis en place un « goûter littéraire ». Il s’agit d’un moment partagé avec les parents. Ils ont, par la suite, documenté cette action avec des photos afin de sensibiliser d’autres parents à participer aux futurs goûters littéraires.
Les livres sont d’autant plus attirants pour l’enfant lorsque l’adulte a un regard bienveillant sur lui. En effet, l’accompagnement joue sur la dimension émotionnelle. Souvent l’enfant prend plaisir à toucher le livre, tourner les pages mais lorsque l’adulte partage le contenu du livre avec lui, il s’agit d’un réel moment de transmission et d’émotions.
LIRE-CHANTER AVEC LES PARENTS DANS LES STRUCTURES DE LA PETITE ENFANCE
FREDERIC BOYER
Les albums comptines, la chanson lue est une pratique hybride qui favorise l’engagement de l’enfant. Celui frappe, bouge en rythme et est actif. Il peut également regarder le livre car chaque séquence est associée à une image (exemples : « la chasse à l’ours » ou « Père Castor »). Lire-chanter a également un effet positif sur les professionnels. Cela crée un moment de co-lecture entre parents et professionnels.
Ces albums comptines ont des atouts par rapport aux livres. Les parents se sentent souvent plus à l’aise car il n’y a pas de notion d’âge pour chanter et écouter chanter. Cette pratique est moins liée aux apprentissages que les livres, une notion de plaisir y est associée, c’est ludique. Cela encourage donc les parents, d’autant plus qu’il n’est pas nécessaire de savoir bien chanter ; la voix des parents suffit amplement à donner du plaisir et à émouvoir les enfants. Les parents peuvent également retrouver dans ces comptines des jeux de mots ou des références que seuls les adultes peuvent percevoir. Cela ajoute donc un petit quelque chose au moment partagé. De plus, lire-chanter favorise l’échange culturel car les comptines luttent contre le phénomène de langues subalternes.
Impliquer les parents via les albums de comptines, voilà une pratique à essayer sans plus tarder au sein de vos milieux d’accueil !
Compte-rendu réalisé par Laurène Trévisan, La File, le 15-12-2017