L’accueil Temps Libre ici et ailleurs… Focus sur la Ville de Gand
Puisqu’il ne faut décidément pas aller loin pour découvrir d’autres pratiques, d’autres manières d’imaginer l’accueil des enfants, nous avons mis le cap sur la Ville de Gand pour en apprendre plus sur leur façon de réfléchir et de proposer l’accueil des 2,5 – 12 ans durant le temps libre.
Pour ce faire, Bjorn Martens, chef de projet au Département de l’Enfance de la Ville de Gand et Karleen De Rijcke, de la Régie de l’accueil et les activités extrascolaires, ont accepté de répondre à nos questions à ce sujet.
Bjorn commence par nous indiquer que le système flamand est assez similaire au nôtre mais que leur secteur ATL ne comporte pas d’écoles de devoirs. En effet, leur service d’accueil ATL se focalise sur l’accueil des jeunes enfants en école maternelle, donc jusqu’à 6 ans pour l’accueil extrascolaire et jusqu’à 8 ans pour l’accueil pendant les congés scolaires. Bien que certains organismes ATL sont à destination des enfants jusqu’à 12 ans, ils sont en minorité. Pourquoi ? Il y a un manque de moyen financier. Le service d’ATL a donc fait le choix d’investir davantage les enfants plus vulnérables, c’est-à-dire les plus jeunes.
Les enfants n’ayant pas encore de devoirs à l’école maternelle, il n’y a donc pas d’école de devoirs dans le service ATL et le focus est mis sur le temps libre de l’enfant. Cependant, certaines écoles organisent une aide aux devoirs et un accueil avant et après l’école mais qui est donc un temps distinct du temps Accueil Temps Libre ; le personnel est alors moins qualifié.
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Sur le plan légal, réglementaire, qui est garant de l’offre de places d’accueil durant le temps libre ?
Bjorn et Karleen nous expliquent qu’une réforme est en cours actuellement (voir dernier point de l’article). Jusqu’à aujourd’hui, c’est le Gouvernement flamand qui est garant de l’offre de places d’accueil durant le temps libre. Avec la réforme, les communes seront subsidiées par le Gouvernement de manière proportionnelle au nombre d’enfants présents dans la commune pour être garantes de l’accueil temps libre.
« En Flandre, comme en Fédération Wallonie-Bruxelles, l’Enseignement et l’Accueil de l’enfance ne relèvent pas du même Ministère. Ainsi, l’accueil des enfants est une compétence du Ministre flamand du Bien-être, de la Santé publique et de la Famille. La répartition scindée de ces deux compétences étroitement liées sur le terrain pose de grands défis.
A Gand, la Ville, en tant qu’administration locale, a pris l’initiative de tenter de surmonter au mieux ce système de séparation. C’est pourquoi les matières politiques de l’enseignement, de l’accueil des enfants et des familles sont réunies sous la responsabilité d’un seul échevin. Cela représente un avantage considérable pour harmoniser au niveau local les politiques décidées par le Gouvernement flamand dans ces compétences.
Au niveau de l’ATL, il peut s’agir d’organismes privés non commerciaux ou publics (écoles ou autorités locales). Les financements du gouvernement flamand sont malheureusement très limités : à Gand par exemple, le gouvernement subventionne aujourd’hui environ 500 places d’accueil extrascolaire alors que plus de 30.000 enfants y sont scolarisés. Dans les faits, la plupart des écoles ne reçoivent aucun soutien du Gouvernement flamand pour l’accueil des élèves. Si le « droit opposable » est légitime pour les enfants en matière de droit à l’enseignement, il ne l’est pas pour l’accueil des enfants. Dans la pratique, cela signifie que tous les enfants auront une place dans une salle de classe (de 8h30 à 15h30) mais pas nécessairement dans le programme d’accueil extrascolaire. Cela rejoint également notre réalité de terrain. »
Alors qu’aujourd’hui, les organismes ATL subventionnés devaient répondre à une législation flamande limitée, à partir de 2025, Grandir (organisme qui regroupe Kind en Gezin, l’Aide sociale aux jeunes et une partie de l’offre de l’Agence flamande pour les personnes handicapées) proposera un label de qualité aux organismes respectant un code de qualité (personnel qualifié, tarif maximum et taux d’encadrement de 1 pour 14 enfants). Les communes seront alors responsables pour la politique ATL et devront donner 50% de leurs subventions aux organismes labellisés. Vous trouverez davantage d’explications ci-dessous dans l’article.
L’accueil est-il obligatoire ? Comment est-il organisé ?
« L’accueil n’est pas obligatoire. Le programme d’accueil des enfants dans les écoles de la Ville de Gand est organisé de 7h à 8h30 et de 15h30 à 18h, les mercredis après-midi et pendant les vacances scolaires. Le mercredi et les jours fériés, il est organisé comme un programme de vacances auquel tous les enfants gantois peuvent s’inscrire. La plupart des centres ciblent les enfants de 2,5 à 6 ans mais certains proposent également un accueil pour les enfants jusqu’à 12 ans. »
« Le personnel travaillant pour l’ATL (extrascolaire et vacances) a un contrat annuel presque à temps plein, ce qui signifie qu’il a la possibilité de soutenir les enfants et les enseignants dans la classe et d’encadrer l’accueil du midi également. Le programme d’accueil extrascolaire est organisé dans les bâtiments scolaires (et les salles de classe) de la Ville de Gand aux moments où il n’y a pas cours. »
Et qu’en est-il du coût pour les familles ?
« Les accueils avant et après le temps scolaire, les mercredis et les jours fériés ainsi que l’accueil pendant les vacances ne sont pas gratuits mais les tarifs sont liés aux revenus des familles. Les 45 sites ATL de la Ville proposent des repas chauds à des prix liés aux revenus également ».
En effet, les temps de midi pendant l’école maternelle sont des temps d’ATL et non scolaires.
Comment fonctionnent les inscriptions ? Est-ce une inscription à l’heure, à la journée, à l’année ?
« Pour les jours d’école, nous travaillons avec une inscription numérique à l’année. Les parents peuvent marquer les jours, les heures et les repas dont ils ont besoin. Dans ce cadre, les prix se font par bloc (prix fixe pour le matin, le midi et le soir) et en fonction du revenu des parents.
Le mercredi après-midi, nous travaillons avec des blocs : 13h -15h, 15h-18h. Tout est organisé numériquement et les parents peuvent demander à modifier les plages demandées chaque mois. Si l’inscription numérique constitue un obstacle pour les parents, le personnel est disponible pour les aider. L’inscription est gérée directement dans la structure mais la facturation est effectuée par le service central d’accueil des enfants. Elle est diffusée aux parents par e-mail, distribuée dans la structure ou envoyée par courrier selon la demande des familles.
L’inscription au programme de vacances est ouverte à tous les enfants gantois et est enregistrée séparément de l’accueil avant/après l’école et des mercredis après-midis. Il s’agit d’un système d’inscription numérique central pour l’ensemble des 45 sites publics. Les présences, elles, sont encore enregistrées manuellement jusqu’à présent et leur numérisation est en cours de construction. »
Quel est le taux d’encadrement durant les temps d’accueil ?
« 1 accueillant pour 14 enfants maximum durant tous les temps libres et un accueillant pour 18 enfants pendant les temps de midi. »
Y-a-t-il un responsable par structure ?
« Oui, même si dans des structures plus petites, les responsables ne sont pas à temps plein. »
En dehors de l’horaire d’école, où se fait l’accueil des enfants et qui les accueille ?
« Les bâtiments des écoles gérées par la Ville de Gand sont « à double usage » : elles sont consacrées à l’enseignement pendant la journée et à l’accueil des enfants à tous les autres moments.
Les accueillants du département de l’enfance a une formation de « puériculture ». Il s’agit plutôt « d’accompagnants des enfants / kinderbegeleiders ». Les responsables des structures d’accueil sont formés (au moins) en tant que bacheliers. Les enseignants eux sont formés en tant que bacheliers et ne travaillent que pendant le temps scolaire.
La ville travaille avec le même personnel pendant les jours d’école (accueil extrascolaire) et pendant les vacances. Ainsi, les enfants voient des visages familiers même pendant les congés scolaires. De plus, le fait que cet accueil pendant les vacances ait lieu dans l’école même des enfants, le rend plus accessible pour de nombreux enfants et parents. »
Quelle est la relation entre ces lieux d’accueil et les écoles ? Ont-ils des temps communs de rencontre sans les enfants pour discuter de l’organisation générale et des enfants ?« L’accueil extrascolaire et l’école maternelle sont organisés sur le même site. S’ils ont des employeurs différents (rappelons le système de scission), ils travaillent pour les mêmes enfants et les mêmes parents avec les mêmes objectifs : donner un maximum de chances au développement de chaque enfant. Nous considérons bien sûr cela comme une belle opportunité de continuité pédagogique.
Pour cette raison, la Ville de Gand investit dans une relation forte et une coopération entre l’accueil extrascolaire et l’école maternelle. Chaque site dispose d’un plan d’action conjoint mis à jour chaque année afin d’améliorer cette coopération.
La Ville vient ainsi de terminer un projet de deux ans, K²O, qui visait à améliorer le niveau de coopération en faveur des enfants.
La Ville voit un grand potentiel dans le concept EDUCARE qui est également une politique commune à Bruxelles. Cette semaine, une coopération du département de l’éducation et des écoles de Gand (un exemple de K²O) organise une journée commune de formation et d’information pour les directeurs ATL et les directeurs d’école sur ce concept EDUCARE.
De plus, nous venons d’obtenir l’approbation d’un projet (financé par OpGroeien / l’ONE flamand) dans lequel nous essayons de développer une « ligne continue » pour les enfants de 0 à 6 ans, du matin au soir, basée sur la vision d’EDUCARE. »
Dans ces lieux d’accueil, quelle est la place des familles ? Quelle est la vision du partenariat avec les familles ?
« Bien sûr… organiser l’Accueil Temps Libre signifie se connecter avec les parents ! Ce sont des partenaires proches. La vision de l’ATL de Gand est basée sur 4 piliers complémentaires et équitables dans son organisation ; l’enfant, le parent, l’équipe et le quartier.
Nous invitons les parents autant que possible, pas seulement à certains moments mais tous les jours, en offrant du café par exemple. Accueillir les parents, prendre le temps pour de petites conversations informelles sont les bases de la construction d’une relation avec la famille. C’est une chose que nous pensons être extrêmement précieuse si nous voulons organiser cet accueil temps libre. Cette relation nous permet de comprendre ce que l’enfant connaît, ce à quoi il est familier et cela nous aide à impliquer l’enfant dans la pratique quotidienne de l’ATL et à fournir un environnement dans lequel chaque enfant peut être à l’aise et se sentir chez lui. En organisant l’Accueil Temps Libre comme une « maison ouverte » et en investissant dans la relation avec les parents, il est possible de s’adapter quel que soit le milieu d’un enfant ou d’une famille, ce qui permet de se concentrer sur l’inclusion sociale et en faire une réalité quotidienne. Intégrer et connecter l’ATL dans un réseau de quartier où toutes les organisations (d’aide sociale) se connaissent peut offrir de grandes opportunités, non seulement pour les enfants mais aussi pour les familles, vulnérables ou non. »
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Accueil et activités extrascolaires en Flandre 2022: Focus sur le nouveau décret
Un nouveau décret représente un changement important pour l’organisation des activités extrascolaires en Flandre.
En 2019, le Parlement flamand a approuvé le décret « sur l’organisation de l’accueil extrascolaire et la coordination entre les activités extrascolaires ». Ce décret redessine complètement le paysage de l’accueil extrascolaire des enfants entre 3 et 12 ans.
L’objectif du décret est la réalisation d’une offre intégrée d’activités extrascolaires pour tous les enfants et familles basées sur 3 aspects principaux :
- la coopération entre les acteurs concernés (enseignement, accueil des enfants, culture, jeunesse sport en social)
- un label de qualité pour l’accueil extrascolaire des enfants de l’enseignement maternel
- un rôle de direction pour les autorités locales
Le décret s’articule autour de ces trois objectifs :
- Offrir aux enfants des occasions de jouer et de se développer, mais aussi la liberté de choix et le droit au repos
- Offrir aux parents la possibilité de concilier facilement travail, études et famille
- L’offre extrascolaire est accessible et abordable pour tous.
Concrètement cela signifie :
- Les ressources pour l’accueil extrascolaire passent du gouvernement flamand aux communes
- La commune détermine la politique locale avec les conseils d’une plate-forme des parties prenantes
- Le gouvernement flamand détermine le label pépinière (label de qualité de Grandir) et le cadre d’inspiration pour la qualité
Le gouvernement flamand ne détermine plus les conditions d’organisation et de qualité de l’accueil extrascolaire. Pour les plus jeunes (l’enseignement maternel) l’Agence Grandir du gouvernement Flamand peut accréditer un label de qualité (het kwaliteitslabel) aux organisateurs qui réalisent certaines conditions de qualité au niveau pédagogiques et organisation. Mais les organisations qui offrent l’accueil ou des activités extrascolaires ne sont pas obligées de demander ce label de qualité. Pour les enfants de l’enseignement primaire il n’y aura plus une cadre spécifique du gouvernement flamand.
Les communes, en collaboration avec tous les acteurs du domaine accueil et activités, élaborent une vision et décide de la répartition des ressources. Les communes donnent la priorité à l’accueil des enfants du maternel avec un label de qualité pour une partie de ses subventions.
Le Gouvernement flamand accorde aux communes une subvention basée sur le nombre d’enfants (2-12 ans). L’intention est que plus tard, la mesure dans laquelle le gouvernement local atteint les familles vulnérables et les enfants ayant des besoins spécifiques en matière de soins sera également prise en compte.
Tout ceci représente un changement important pour les autorités locales, les structures d’accueil extrascolaires, les prestataires de loisirs et les écoles.
Les autorités locales ont le rôle de direction. Après une période de transition jusqu’au 31 décembre 2025, les organisateurs d’accueil périscolaire ne seront plus subventionnés par Grandir mais s’inscriront dans l’histoire locale de l’ATL. Les partenaires des secteurs accueil, prestataires de loisirs et éducatifs sont invités à réfléchir ensemble à un temps libre de qualité pour chaque enfant. Après la période de transition, les autorités locales recevront des fonds directs pour réaliser les objectifs locaux.
L’effet du décret flamand à Gand
Nous collaborons déjà depuis 2016 très activement avec tous les secteurs : accueil des enfants, enseignement, sports, culture, jeunesse, social, familles… pour préparer la nouvelle organisation de l’accueil et les activités extrascolaires. Nous développons un plan d’action basé sur une recherche auprès de 1200 familles à Gand et un dialogue actif avec plus de 400 partenaires de tous les secteurs et des représentants des parents et des enfants.
La Ville de Gand salue l’esprit du décret, mais malheureusement les moyens mis à disposition par le gouvernement flamand sont bien trop faibles pour répondre à toutes les attentes, même pour offrir une qualité de base pour une fraction des élèves du maternel, et encore moins pour tous les enfants jusqu’à l’âge de 12 ans.
Pendant la période de transition (2022-25), la Ville de Gand recevra des subventions transitoires pour préparer le déploiement complet du décret à partir de 2026. En attendant, les subventions pour l’accueil périscolaire conventionné continueront d’être versées directement aux organisateurs par le gouvernement flamand.
La ville de Gand souhaite tirer le meilleur parti de la période de transition pour étudier et tester les solutions optimales pour une offre extrascolaire plus importante et de meilleure qualité – faisable et ayant le plus d’impact pour les enfants – en vue d’un déploiement à l’échelle de la ville à partir de 2026 pour tous les enfants.
L’accent est mis sur 2 piliers :
- Œuvrer à des conditions de qualité pour les enfants du maternel
- L’enrichissement des activités parascolaires pour les enfants du primaire.
Tous les domaines politiques et services de la ville travaillent également ensemble, en collaboration avec tous les secteurs concernés. La Ville de Gand investit avec ses propres ressources dans un responsable du régie ATL qui soutient tous les secteurs et la politique locale dans cet objectif commun : réaliser une offre extrascolaire qualitative accessible à tous les enfants dans notre ville.
Plus d’infos :
Karleen De Rijcke
Régie de l’accueil et les activités extrascolaires
Dienst Kinderopvang| Departement Onderwijs, Opvoeding en Jeugd | Stad Gent
0479/22.37.53