30 ans de la FILE !
Le 17 juin dernier, la FILE fêtait ses 30 ans, à la Marlagne à Namur, entourée de ses partenaires du secteur, de ses membres et de personnes ayant joué un rôle clé dans son histoire.
Partages, réflexions et festivités étaient à l’ordre du jour ; en voici quelques retours !
Atelier 1 : Quelle place pour l’enfant dans notre société ? Place laissée, donnée, à prendre ?
L’enfant n’a pas toujours occupé la place qu’il tient aujourd’hui dans la société. Celle-ci évolue avec les représentations et les perceptions collectives et varie d’une société à une autre. La place de l’enfant est tributaire de la vision des adultes et est double à ce jour : celle d’un individu à part entière avec des droits et celle d’un enfant qui doit être protégé par l’adulte. Cet atelier questionnera ces représentations et perceptions collectives : Quelle place l’enfant peut-il prendre ? Quelle place lui laisse-t-on ? L’écoute-t-on assez ? Quelle considération pour ces personnes en devenir ?
Avec Bernard De Vos (Délégué général aux droits de l’enfant (DGDE)
Atelier 2 : L’accueil temps libre : quels enjeux éducatifs ?
Une réforme des rythmes scolaires annuels voit le jour, une autre sur les rythmes journaliers arrive à l’horizon, avec en toile de fond, une réforme de l’accueil temps libre… Qu’en sera-t-il demain ? Le monde de l’accueil 2,5ans-12ans, du temps libre et des loisirs accessibles à tous les enfants, pourra-t-il prendre une place comme un 3e lieu de vie, qui correspond à un besoin essentiel de l’enfant ». Sera-t-il encore longtemps considéré comme un « back up » de l’école ou complètement subordonné à elle ? Comment mettre au-devant de la scène les vertus éducatives du temps libre ?
Avec Annick Cognaux (Directrice Accueil Temps Libre à l’ONE) et Jean-Michel Bocquet (chargé de cours en sciences de l’éducation à l’université Sorbonne Paris Nord)
Atelier 3 : L’éducation des jeunes enfants : une responsabilité sociale et publique ?
« Les études scientifiques démontrent que fréquenter un milieu d’accueil, quelle que soit sa formule, avant l’âge de 3 ans et l’entrée à l’école, représente un atout pour l’enfant. Étant donné l’importance que cela revêt pour le développement de l’enfant, « obtenir » une place d’accueil pour son enfant – ce qui relève aujourd’hui souvent du parcours du combattant – ne peut pas relever de la seule responsabilité individuelle de chaque parent. En Fédération Wallonie-Bruxelles, l’accueil de l’enfance constitue une compétence communautaire. Son organisation, son accessibilité et sa qualité relèvent d’une responsabilité politique et publique. Toutefois, les investissements publics encore insuffisants amènent, à l’instar d’autres pays européens, un secteur commercial à se développer. En quoi les crèches d’entreprise, les cheques-creches, les « chaînes » de milieux d’accueil à visée commerciale, … permettent- ils d’atteindre les objectifs d’accessibilité et de qualité qui sont les nôtres ? Comment les influencent-ils ? «
Avec Michel Vandenbroeck (professeur en pédagogie de la famille et responsable du département du travail social et de la pédagogie sociale à l’Université de Gand et président du VBJK)
Atelier 4 : L’accueil des enfants de moins d’un an en milieu d’accueil. Est-ce adéquat pour le bien-être de l’enfant ? Quels enjeux pour la société ?
En Belgique, dès trois mois, les bébés peuvent être accueillis dans les milieux d’accueil. Cette réalité n’est pourtant pas la même partout. En effet, dans certains pays nordiques, il est impossible de voir des bébés de moins d’un an dans un milieu d’accueil. Sur quoi se base cette position politique belge ? Est-ce adéquat pour le bien-être de l’enfant ? Quelles conséquences sur son système d’attachement et sur son développement ? Quand est-il opportun d’entrer en milieux d’accueil ? Quels enjeux au regard de l’égalité des genres et du droit des femmes ? Autant de questions qui seront discutées lors de ce groupe de travail.
Avec Jean-Marie Caby () et Laudine Lahaye (Chargée d’études – FPS)
Atelier 5 : Vers une amélioration de la formation initiale et continue des professionnel.le.s de l’enfance. Freins et leviers pour renforcer la qualité de l’accueil.
Les formations initiales et continues des professionnel.l.es de l’enfance sont primordiales afin de renforcer la qualité de l’accueil des enfants. Elles constituent les piliers indispensables à la professionnalisation du secteur. Quelles sont les faiblesses du système de formation actuel ? Que penser de son morcellement, du niveau de qualification demandé par rapport aux compétences requises ? Quels sont les enjeux futurs de cette professionnalisation ? Quelle place et quels débouchés pour la mise en place d’un bachelier « Accueil de l’enfance » ? Quels sont les freins et les leviers pour l’améliorer et vers quel idéal faut-il tendre ?
Avec Laurence Marchal (directrice psychopédagogique à l’ONE) et Florence Pirard (professeure à la Faculté de Psychologie, Logopédie et Sciences de l’Education de Liège)
Atelier 6 : Les milieux d’accueil sont-ils réellement accessibles aux publics précarisés ? Comment concrétiser cette accessibilité ? Comment avancer aujourd’hui ?
Le taux de pauvreté est fort important en Belgique et impacte les enfants et les familles. Un manque de diversité sociale est observé dans les milieux d’accueil en Fédération Wallonie-Bruxelles alors que cet accueil est un droit pour tous les enfants, mais qui n’est finalement accessible qu’à une partie de la population. Il n’y a pas assez de place et le discours ambiant considère toujours que la crèche a une fonction économique qui doit permettre aux parents d’aller travailler. Ceci est un obstacle majeur par rapport à l’accessibilité. Qu’en est-il de la volonté politique ? Comment faciliter cette accessibilité ? Quels sont les freins et les leviers ? Comment peut-on aller plus loin aujourd’hui ?
Avec Anne-Françoise Janssen (responsable Communication Institutionnelle du Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté) et Monique Meyfroet (psychologue clinicienne et formatrice et superviseuse pour les professionnel.le.s de l’enfance)
Atelier 7 : La laïcité dans le secteur de l’accueil de l’enfance : en quoi le concept de laïcité et ses valeurs ont-elles du sens dans notre secteur ?
La laïcité permet un accueil inconditionnel de chaque enfant, une posture de non-jugement, de neutralité, d’impartialité, de solidarité, de respect et d’égalité.. Que relève ce principe de laïcité lorsqu’il s’inscrit dans les pratiques pédagogiques des milieux d’accueil ? A partir d’exemples concrets du terrain, la question « qu’est-ce qu’être un.e éducateur.rice/accueillant.e laïque » sera abordée dans ce groupe de travail.
Avec Josiane Wolfs (présidente du CAL BW) et Jacques Ternest (ancien président de la FILE)
Atelier 8 : Pouvoirs publics et ASBL : quels liens, quelle collaboration envisager ?
Au sein d’une commune, le secteur de l’accueil de l’enfant (petite enfance et accueil temps libre) est assuré par une complémentarité entre des acteurs publics (communes, CPAS) et associatifs. Ces deux mondes, aux réalités, missions et objectifs parfois bien différents coexistent. Leur collaboration et le partenariat semblent pourtant bien nécessaires et indispensables afin d’ancrer le secteur de l’accueil dans la sphère non-marchande et pour répondre ensemble aux besoins sociétaux, en plaçant l’enfant au centre des discussions.
Avec Alain Vaessen (directeur général de la Fédération des CPAS) et Dominique Van de Sype (secrétaire général de l’UNIPSO)
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Avec Bernard De Vos (Délégué Général aux Droits de l’Enfant)
Le premier atelier proposé traitait de la place de l’enfant dans notre société. Bernard De Vos a questionné les participants sur leurs représentations des enfants : Quelle place l’enfant peut-il prendre ? Quelle place lui laisse-t-on ? L’écoute-t-on assez ? Quelle considération pour ces personnes en devenir ?La Convention internationale relative aux droits de l’enfant de 1989 (en version illustrée pour les enfants) inscrit toute une série de droits fondamentaux pour l’enfance. Parmi ceux-ci, le droit à la participation et à l’expression des enfants. Il n’y a pas de hiérarchie dans les droits de cette convention ; les droits de participation et d’expression ont la même force et sont aussi importants que d’autres droits, et pourtant ils sont souvent bafoués.
Quand on questionne la place de l’enfant dans la société, le lien est souvent fait avec le concept d’autorité de l’adulte sur l’enfant et sur les différents modèles éducatifs. Ces notions évoluent avec le temps, tout comme le concept de famille et les différents modèles familiaux. L’autorité, concept également évolutif, est présente partout ; dans la famille mais aussi dans les lieux d’éducation comme l’école ou l’ATL et pose question à tout le monde. Un nouveau modèle d’autorité émerge, s’opposant aux anciens modèles éducatifs. (Pour aller plus loin, nous vous conseillons les ressources des CEMEA)
Quelle sera la place de l’enfant à l’avenir ? A l’école, à l’Accueil Temps Libre ? Une des pistes de solution selon Bernard De Vos est le droit d’expression et de participation des enfants. Ces droits ont beaucoup d’impacts positifs. Le harcèlement, par exemple, est moins important quand il y a des espaces de parole proposés aux enfants. D’où l’importance de faire participer les enfants. Les jeunes ont souvent de très bonnes idées, ne s’autocensurent pas et sont créatifs. Cela commence très jeune même quand la parole n’est pas construite (c’est justement le thème du prochain colloque de la FILE + lien).
Les milieux d’accueil de l’enfance et l’Accueil Temps Libre sont des opportunités pour les enfants de faire état de difficultés sans passer par des voies officielles. C’est fondamental que ces lieux de vie favorisent l’écoute et l’expression de l’enfant. Il faut donner à tous les enfants les garanties d’un milieu d’accueil de qualité, qui soit inclusif, attentif à leurs besoins dans un climat bienveillant.
Eduquer un enfant, cela se fait au sein de tous ses milieux de vie, l’école mais aussi l’accueil temps libre. Il est donc primordial qu’il y ait une collaboration et un dialogue entre chaque milieu. Ces collaborations entre familles, enfants et autres acteurs doivent être installées dès le plus jeune âge afin de ne pas creuser les inégalités entre enfants.
Par ailleurs, l’école a évidemment aussi son rôle à jouer. La manière de faire école doit et va évoluer. Il faut que les enseignants participent à un partage des savoirs, qu’ils soient là pour aider les enfants à apprendre tout en entendant que les enfants ont déjà des savoirs et qu’il est important de les écouter, ils nous donnent des pistes pour le futur (Pour rêver d’une autre école, la FILE vous conseille l’ouvrage « Et si l’école… » des CEMEA.
Bernard De Vos estime qu’il faut une réforme complète de l’enseignement et de l’accueil de l’enfance : prévoir la gratuité pour la petite enfance, des politiques pour pouvoir accueillir les enfants des familles éloignées des milieux d’accueil, revoir l’école dans son ensemble pour qu’elle respecte mieux chaque enfant dans ses droits et ses particularités, proscrire les systèmes de redoublement, d’exclusion, …
La FILE a depuis sa création le bien-être et l’intérêt supérieur de l’enfant dans ses priorités, ainsi que l’accessibilité, la qualité et l’inclusion de l’accueil. Pour poursuivre dans ces missions en collaboration avec d’autres partenaires et secteurs, la FILE est désormais membre, depuis 2022, de la coordination des ONG pour les droits de l’enfants (pour découvrir ce réseau www.lacode.be)Pour aller plus loin :
- HAIM Omer, 2017, « La Nouvelle autorité »
- CEMEA, ressources : cemea.be, par exemple : « Droits de l’enfant: Le chemin des principes à leur effectivité au quotidien »
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Avec Annick Cognaux (Directrice Accueil Temps Libre à l’ONE) et Jean-Michel Bocquet (chargé de cours en sciences de l’éducation à l’université Sorbonne Paris Nord)
Une réforme des rythmes scolaires annuels voit le jour, une autre sur les rythmes journaliers arrive à l’horizon, avec en toile de fond, une réforme de l’accueil temps libre… Qu’en sera-t-il demain ? Le monde de l’accueil 2,5ans-12ans, du temps libre et des loisirs accessibles à tous les enfants, pourra-t-il prendre une place comme un 3e lieu de de l’enfant. Sera-t-il encore longtemps considéré comme un « back up » de l’école ou complètement subordonné à elle ? Comment mettre au-devant de la scène les vertus éducatives du temps libre ?« Le temps libre doit être utile, rentable et correspondre aux attentes des parents ? », cette phrase volontairement confrontante, était annoncée aux participant afin de lancer la discussion. Elle reflète encore malheureusement certaines idées préconçues qui perdurent sur l’accueil temps libre (ATL). L’ATL ne serait alors qu’un moyen de « garder » les enfants des parents qui travaillent, serait donc une « garderie ». Pour la FILE, le secteur et l’ONE, l’ATL est bien évidemment un autre lieu éducatif de l’enfant, qui se doit d’être investi, par des professionnel.le.s formé.e.s, afin de garantir sa qualité et son accessibilité. Lors de cet atelier, Annick Cognaux et Jean-Michel Bocquet ont tenté de déconstruire ces idées préconçues afin d’apporter une vision positive et valorisante de l’ATL, et de son importance pour tous les enfants.
Le temps libre est vital pour l’enfant. L’ATL est un 3ème milieu de vie de l’enfant, aux côtés de la famille et de l’école, et s’inscrit dans une éducation non formelle. Les activités et l’accueil sont sans recherche de performance, sans attente. L’enfant peut ne rien y faire, partager, participer ou non, avoir une liberté de choix, laisser libre cours à son imagination, à ses mouvements.
L‘ATL place l’enfant au centre de ses préoccupations. Les professionnel.le.s de l’ATL s’ancrent dans une vision forte que le temps libre d’un enfant est indispensable à son développement social, émotionnel, créatif et citoyen.
Les deux intervenants s’inscrivent, comme la FILE, dans une vision ambitieuse du secteur de l’accueil de l’enfant.
Pour aller plus loin :
- Jean Michel Bocquet, 2019, « les colonies de vacances, tremplin vers une société durable ? »
- Jean Michel Bocquet, 2018, « Les colonies de vacances seraient-elles devenues du tourisme ? »
- Brochure ONE « Quel projet d’accueil pour les enfants de 3 à 12ans et + ? »
- Site de la Plateforme de valorisation de l’accueil extrascolaire (Extrascool)
- Site de la Plateforme « Du temps extra »
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Avec Michel Vandenbroeck (professeur en pédagogie de la famille et responsable du département du travail social et de la pédagogie sociale à l’Université de Gand et président du VBJK)
Les études scientifiques démontrent que fréquenter un milieu d’accueil, quelle que soit sa formule, avant l’âge de 3 ans et l’entrée à l’école, représente un atout pour l’enfant. Étant donné l’importance que cela revêt pour le développement de l’enfant, « obtenir » une place d’accueil pour son enfant – ce qui relève aujourd’hui souvent du parcours du combattant – ne peut pas relever de la seule responsabilité individuelle de chaque parent. En Fédération Wallonie-Bruxelles, l’accueil de l’enfance constitue une compétence communautaire. Son organisation, son accessibilité et sa qualité relèvent d’une responsabilité politique et publique. Toutefois, les investissements publics encore insuffisants amènent, à l’instar d’autres pays européens, un secteur commercial (avec investisseurs privés) à se développer. En quoi les crèches d’entreprise, les cheques-creches, les « chaînes » de milieux d’accueil à visée commerciale, … permettent- ils d’atteindre les objectifs d’accessibilité et de qualité qui sont les nôtres ? Comment les influencent-ils ?
Michel Vandenbroeck, professeur à l’Université de Gand, a introduit l’atelier en démontrant qu’une marchandisation du secteur de l’enfance arrivait à petit pas en Fédération Wallonie-Bruxelles : vente de livres sur le soutien à la parentalité, pression sur les parents pour acheter tel ou tel matériel pour veiller au bien être de leur enfants, entreprises commerciales de structures de la petite enfance (fonctionnant avec des investisseurs privés…).
On parle également de plus en plus de petite enfance en langage économique. En investissant dans la petite enfance, l’Etat, le gouvernement, aurait un « retour sur investissement » intéressant financièrement. Mais l’économie ne peut pas être le seul argument valable pour une politique de la petite enfance.Cette approche économique a amené certains pays à modifier la manière dont ils finançaient la petite enfance : plutôt que de financer l’offre (financer des structures d’accueil de qualité), on s’est mis à financer la demande (ce ne sont plus les structures mais les parents qui reçoivent l’avantage financier – comme des « chèques crèches » ou des réductions d’impôts), ce qui a permis à des investisseurs financiers d’entrer sur le « marché ».
Le secteur de la petite enfance ne fonctionne pas comme un marché.
Les exemples du Québec, des Pays-Bas et de la France montrent à quel point cette approche économique a été un échec pour les pays qui s’y sont engouffrés. Les recherches ont démontré que la qualité a baissé, le choix des parents a diminué, les salaires ont diminué, le turnover augmente, la satisfaction au travail diminue, la mixité a baissé, la qualité de l’accueil a diminué … La petite enfance est tout à fait en contradiction avec la notion même de commercialisation (« les enfants ne sont pas des pots de yaourt qu’on vend dans des supermarchés »).
Quelles sont les pistes de résistance ?
Plusieurs pistes de résistance ont émergé des réflexions des participants, en voici quelques-unes :
- Sensibiliser, informer.
- Mettre l’enfant au centre des politiques publiques (avant les intérêts financier).
- Réfléchir à la notion de soutien à la parentalité, collaborer avec les parents, leur donner une place.
- Un cadre législatif résistant aux pressions d’un marché et d’une marchandisation croissante
- Ne pas lâcher la pression sur nos représentants politiques pour ne pas basculer vers une privatisation externe.
- S’appuyer sur les expériences du passé, les exemples des autres pays
- Rendre le cadre législatif accessible pour qu’il soit compréhensible par tous.
- Avancer sur la réforme MILAC en ligne droite : elle est importante !
- Améliorer la qualité via des formations initiales et continues
- Affirmer que chaque enfant a droit à un accueil de qualité (au même titre que le droit à l’éducation scolaire).
- Sensibiliser les parents et les politiques à ce qu’est un milieu d’accueil, leur faire comprendre quels sont les enjeux et l’importance d’un projet d’accueil de qualité.
- Affirmer que la mixité sociale est une richesse pour tous et travailler à l’accessibilité des milieux d’accueil
- Nécessité du travail en équipe pour travailler l’accessibilité, documenter ses pratiques.
- Sortir de l’individualisation et de la responsabilisation individuel, refaire société en collectif, affirmer les principes de solidarités
- Réaffirmer l’importance des droits de l’enfant
- Travailler avec des valeurs
- La FILE et plus largement, la mise en commun/en réseau, les fédérations, l’ONE, le Gouvernement : parler d’une seule voix.
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Pour aller plus loin :
- Colloque international « La marchandisation de la petite enfance : un phénomène « local » et contesté » avec Michel Vandenbroeck
- Plan d’action national belge – Garantie européenne pour l’enfance 2022-2030
- Plan d’actions relatif aux droits (PADE 2020-2024) de l’enfant : Plan-actions-droits-enfant__1_
- Cadre nouveau au niveau européen : Garantie européenne pour l’enfance
- VANDENBROECK, Michel, LEHRER, Joanne, et MITCHELL, Linda (2022). The Decommodification of Early Childhood Education and Care: Resisting Neoliberalism. London, Routlege publisher, 288 p.
- VANDENBROECK, Michel (2021). Les lieux d’accueil et d’éducation des jeunes enfants qui peuvent faire la différence, in Chantal Zaouche Gaudron, Anne Dupuy, Christine Mennesson, Michelle Kelly-Irving (dirs), Espaces de socialisation extrafamiliale. Toulouse, Éditions Érès, 35-54.
- Michel Vandenbroeck (2021) La recherche en éducation à la petite enfance : origines, méthodes et applications. p.735-752
- Sharing the caring responsibility between the private and the public : childcare, parental choice, and inequality
- Michel Vandenbroeck (UGent) , Wim Van Lancker and Jeroen Janssen (2021) The Palgrave handbook of family sociology in Europe. p.361-375
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Avec Jean-Marie Caby (ancien directeur du SASPE de La Hulpe) et Laudine Lahaye (Chargée d’études — Soralia)
En Belgique, dès trois mois, les bébés peuvent être accueillis dans les milieux d’accueil. Cette réalité n’est pourtant pas la même partout. En effet, dans certains pays nordiques, il est impensable de voir des bébés de moins d’un an dans un milieu d’accueil. Sur quoi se base cette position politique belge ? Est-ce adéquat pour le bien-être de l’enfant ? Quelles conséquences sur son système d’attachement et sur son développement ? Quand est-il opportun d’entrer en milieux d’accueil ? Quels enjeux au regard de l’égalité des genres et du droit des femmes ? Autant de questions qui ont été discutées lors de ce groupe de travail ; en voici les grandes lignes.
Jean-Marie Caby aborde les notions d’attachement. L’attachement est un lien émotif établi entre l’enfant et sa figure d’attachement qui conditionne sa sécurité, la régulation de ses émotions et son désir d’exploration.
L’entrée en crèche est une séparation entre l’enfant et son donneur de soin principal et donc une source de stress importante. En effet, il existe toujours chez l’enfant un risque de vécu d’abandon avec la perception que sa figure d’attachement le rejette. L’enfant devra alors développer des stratégies d’adaptation plus ou moins coûteuses pouvant amener un réel risque d’attachement insécure.
De plus, le milieu d’accueil est un lieu inconnu, donc stressant, accentuant chez l’enfant son besoin d’attachement. La seule solution est une familiarisation de qualité. En effet, plus le lieu est inconnu, plus le bébé a besoin de sa figure d’attachement et plus l’environnement est connu, moins il aura besoin de celle-ci et pourra faire confiance à une figure d’attachement secondaire.
Depuis 1960, des scientifiques de divers pays cherchent à savoir si les services de « garde non parentale » ont des répercussions sur le développement de l’enfant. Même si ces études donnent des résultats parfois opposés, difficilement interprétables, elles démontrent clairement qu’il y a une relation significative entre milieu d’accueil de la petite enfance et difficultés d’attachement.
Cependant, elles montrent que cela est évitable si on respecte certains critères. Même si l’âge d’entrée en crèche est un facteur de risque parmi tant d’autres, il est recommandé de le retarder au minimum jusqu’à 6 mois. D’autres facteurs sont aussi pointés comme la qualité du mode d’accueil et le temps de garde non parentale qui devrait être adapté à l’âge.
Contrairement à ce qui est souvent véhiculé, la mise en crèche ne renforce pas la sociabilité. C’est la qualité de l’attachement qui favorise la sociabilité, la curiosité et l’exploration. Cette sécurité s’acquière avec la figure d’attachement primaire, stable, fiable et répondant aux besoins de l’enfant tant physiques, psychologies qu’émotionnels. Lorsque l’enfant ne l’a pas encore acquise, les risques de stratégies d’adaptation augmentent surtout si l’entrée en milieu d’accueil est précoce et que le temps de garde est important (8h ou plus par jour). Par contre, une fois acquise (autour d’un an), cette sécurité peut alors fonctionner comme base de sécurité à partir de laquelle un enfant peut effectivement élargir sa socialisation, son exploration et ainsi profiter d’une certaine quantité de garde non parentale.
En Belgique, pour beaucoup de parents, il est impossible d’attendre les 6 mois de l’enfant (par choix, ou car le contexte financier et social ne le permet pas). L’utilisation d’un milieu d’accueil non-parental, collectif ou non, devrait être un choix pour tout parent et non une obligation liée à un travail « alimentaire ».
Quels facilitateurs ?
Jean-Marie Caby propose de garder en tête les facteurs de protection mis en évidence dans les diverses études :
- Favoriser l’attribution d’un adulte référent par enfant qui est présent pour les moments difficiles : arrivée, départ ou les moments de sieste. Le.la référent.e doit dès lors être le plus possible présent.e pour l’enfant en étant stable, permanent.e et non interchangeable.
- Favoriser la constitution de petits groupes en limitant le nombre d’adultes s’occupant d’un même enfant. Le ratio idéal entre le nombre d’enfants et le nombre de puéricultrices dépend de l’âge des enfants mais pour les plus petits, l’idéal serait de 1 puéricultrice pour 4 enfants.
- Améliorer l’individualisation des soins et les échanges, principalement émotionnels, avec l’enfant.
- Améliorer la formation des professionnel.le.s de la petite enfance.
- Favoriser les réunions d’équipe et un travail formatif sur base de rétroactions via des vidéos du quotidien du milieu d’accueil.
- Par ailleurs, rendre le lieu inconnu connu avec la figure d’attachement primaire est essentiel (familiarisation). Quand il y a du stress, l’enfant a besoin de proximité pour se rassurer. C’est l’enfant qui nous montre s’il est rassuré en allant vers d’autres figures d’attachement secondaires.
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La confiance des parents dans le milieu d’accueil est fondamentale, car elle est un facteur qui favorise la sécurité de l’enfant. Pour créer cette confiance, il est important de favoriser les temps de parole que les parents ont avec le milieu d’accueil.
Ayant tous ces fondamentaux en tête, Laudine Lahaye explique que cela peut être très culpabilisant pour le parent qui choisit de mettre son enfant en milieu d’accueil. Les milieux d’accueil ont des impacts sur les enjeux autour des inégalités hommes-femmes : revenus des femmes, temps partiels plus fréquents chez les femmes, difficultés du post-partum, risque d’isolement, charge mentale, questionnement sur la place du père… Si les enfants vont plus tard en milieu d’accueil, il y a des risques pour les femmes. Cela ajouterait aujourd’hui des freins et des pressions pour concilier la vie privée et la vie professionnelle. Cela rejoint toutes les fonctions des milieux d’accueil : économiques, éducatives et sociales.
Une des pistes serait que le congé parental soit davantage rémunéré, prolongé et surtout encouragé. L’allongement du congé de paternité et de la maternité est aussi une piste à défendre.
Les enjeux de bien-être et intérêt supérieur de l’enfant, des droits des femmes, d’égalité des chances, d’accessibilité et de qualité sont les valeurs centrales de la FILE, créée en 1992 par les Femmes Prévoyantes socialistes, aujourd’hui « Soralia ». (Pour aller plus loin : vidéo sur les valeurs de la FILE)
Pour aller plus loin :
- Guedeney, A., Guedeney, N., & Tereno, S. (2021). L’attachement : approche clinique et thérapeutique. Elsevier Health Sciences.
- Guedeney, A., Guedeney, N., & Tereno, S. (2021). L’attachement : approche théorique et évaluation. Elsevier Health Sciences.
- Pierre humbert, B. (2003). Premier lien (Le): Théorie de l’attachement. Odile Jacob.
- Rygaard, N. P. (2022). L’enfant abandonné : guide de traitement des troubles de l’attachement. De Boeck Supérieur.
- Golse, B. (2021). Le bébé, du sentiment d’être au sentiment d’exister-1001BB 167. Érès.
- David, M., & Appell, G. (2008). Présentation de Lóczy. 1001 bebes, 49-54.
- Appell, G., & David, M. (2012). Lóczy ou le maternage insolite-1001 bb n° 94. Eres.
- Szántó, A. (2016). L’enfant qui vit, l’adulte qui réfléchit. Presses universitaires de France.
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Avec Laurence Marchal (directrice psychopédagogique à l’ONE) et Florence Pirard (professeure à la Faculté de Psychologie, Logopédie et Sciences de l’Education de Liège)
Les formations initiales et continues des professionnel.l.es de l’enfance sont primordiales afin de renforcer la qualité de l’accueil des enfants. Elles constituent les piliers indispensables à la professionnalisation du secteur. Quelles sont les faiblesses du système de formation actuel ? Que penser de son morcellement, du niveau de qualification demandé par rapport aux compétences requises ? Quels sont les enjeux futurs de cette professionnalisation ? Quelle place et quels débouchés pour la mise en place d’un bachelier « Accueil de l’enfance » ? Quels sont les freins et les leviers pour l’améliorer et vers quel idéal faut-il tendre ?
Jusqu’à aujourd’hui, il n’y avait pas beaucoup de perspectives au niveau des formations pour le secteur de l’enfance. Le financement était et est toujours le nerf de la guerre.Les années de pandémie ont mis en lumière que le secteur de l’accueil de l’enfance est indispensable et essentiel. Il s’agit d’une force pour le secteur et il faut que celui-ci se batte pour cette reconnaissance
Il est nécessaire que les professionnel.le.s soient outillé.e.s avec des savoirs, des techniques mais aussi des attitudes professionnelles et donc du savoir-être.
Le profil métier actuel est ancien, il n’y a rien ou presque rien sur le projet éducatif ou le travail en équipe par exemple. Nous sommes également un des rares pays où il n’y a pas de réelle possibilité de progression dans le secteur de l’enfance.
Il est pourtant essentiel de tirer les professionnel.le.s vers le haut, les booster par des objectifs, de leur permettre d’acquérir et de valoriser de nouvelles compétences tout au long de la vie, de favoriser la formation continue et travailler aux compétences d’équipe. Prendre du recul, prendre soin de l’équipe et améliorer la qualité de l’accueil est un des rôles de la direction et du PO. Fêter les réussites permet de souder l’équipe et le travail d’équipe est la clé pour un travail de qualité.
Afin d’améliorer ces conditions, il est nécessaire de sensibiliser et de pouvoir proposer un suivi de qualité.
Malgré qu’il soit établi que les heures investies en formation soient des heures investies dans les compétences des professionnel.le.s et donc dans la qualité de l’accueil, il existe encore beaucoup de freins à cette formation continue.
Lors de cet atelier, les intervenantes ont proposé un focus sur le paysage actuel des formations et sur les perspectives futures.
Au niveau des perspectives : le certificat de direction d’un milieu d’accueil petite enfance et le bachelier en accueil et éducation du jeune enfant.
Ce bachelier en petite enfance permettra aux professionnel.le.s d’être plus outillé.e.s, d’intégrer le travail d’équipe, de documenter, soutenir et analyser.
Afin d’améliorer la formation initiale et continue, les participants ont évoqué encore d’autres pistes :
- Travailler à la valorisation et à l’attrait du métier
- Améliorer l’offre de formation en variant les thématiques
- Favoriser le tutorat qui permet d’amener des ressources en interne
- Augmenter les temps de stages et donc le contact avec le terrain dans la formation initiale
- Penser et préparer l’après formation continue : transposition sur le terrain
- Valoriser le temps de formation
- Il faut des moyens financiers pour accorder du temps aux formations et aux réunions d’équipe qui sont primordiales
- Revaloriser le métier au niveau financier
- Enrichissement mutuel professionnel.e-enseignant.e, s’ancrer dans la réalité de terrain de chacun
- Le référentiel métier, travail d’équipe et travail avec les familles comme compétences essentielles de la formation initiale
- Véhiculer que la variable clé par rapport à la qualité de l’accueil, c’est la formation
- …
Pour aller plus loin :
- Recherches autour de la formation initiale (114-123) et sur le bachelier
- Les référentiels psychopédagogiques de l’ONE
- Le code de qualité
- Le fonds social de formation pour le secteur des milieux d’accueil d’enfants
- Le tutorat
- Le carnet de bord professionnel
- Notre plan de formation
- Le site de la FILE
- Les catalogues ONE de formations continues
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Avec Anne-Françoise Janssen (responsable Communication Institutionnelle du Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté), Catherine Mulkers (Présidente de la Cosege), Chantal Wyart (Co-présidente de la Chacof).
Le taux de pauvreté est fort important en Belgique et impacte les enfants et les familles. Un manque de diversité sociale est observé dans les milieux d’accueil en Fédération Wallonie-Bruxelles alors que cet accueil est un droit pour tous les enfants, mais qui n’est finalement accessible qu’à une partie de la population. Il n’y a pas assez de place et le discours ambiant considère toujours que la crèche a une fonction économique qui doit permettre aux parents d’aller travailler. Ceci est un obstacle majeur par rapport à l’accessibilité. Qu’en est-il de la volonté politique ? Comment faciliter cette accessibilité ? Quels sont les freins et les leviers ? Comment peut-on aller plus loin aujourd’hui ?
La question de l’accessibilité en milieu d’accueil se manifeste de nombreuses manières et commence déjà pendant la grossesse au moment de trouver un milieu d’accueil. En effet, la liste d’attente est une source de stress et de tensions pour les familles dans un moment qui devrait être paisible : tension entre les parents qui travaillent et les autres, inquiétude de ne pas avoir de place au moment de la reprise du travail, inquiétude en ce qui concerne le coût … Dans certains cas, c’est le fait d’avoir une place qui devient le plus important avant la qualité de l’accueil. Ce manque de place d’accueil augmente la pression sur les familles. Il est également important de ne pas oublier les familles qui ne sont pas sur les listes d’attente, le public « non-demandeur » ou qui n’a pas recours aux milieux d’accueil.
La ligne de conduite en termes d’accessibilité est de rendre les milieux d’accueil accessibles à tous les enfants, qu’il s’agisse d’un droit pour chaque enfant d’avoir une place en milieu d’accueil avec une mixité pour éviter la mise en concurrence des familles. Un grand travail de sensibilisation est à réaliser pour maintenir cette solidarité ainsi qu’un travail au niveau politique sur leur responsabilité.
Pistes explorées dans l’atelier :
- Les milieux d’accueil doivent être accessibles pour tous les enfants. Cela devrait être un droit pour tous avec une diversité de formes et une pluralité de propositions. Un droit, opportunité effective mais pas une obligation.
- Penser l’accessibilité pour les familles : avoir accès à un milieu d’accueil est un droit pour l’enfant.
- Partir des besoins de l’enfant.
- La famille doit avoir la possibilité d’aller vers la solution de son choix: offre de place d’accueil en suffisance, information sur ce qui existe, …. Nécessité d’améliorer la communication et la diffusion de l’information vers l’ensemble de la population.
- Important de respecter le choix des familles d’avoir ou non recours aux milieux d’accueil. Au sein du milieu d’accueil, le parent doit pouvoir être à l’aise avec sa décision de mettre son enfant en accueil quel que soit sa situation professionnelle et familiale et se sentir respecté par les professionnel.le.s de la structure.
- Mettre en lumière et sensibiliser le grand public et les politiques sur le rôle social et éducatif des milieux d’accueil, souvent invisibilisé par le rôle économique des milieux d’accueil constamment mis en avant (permettre aux parents de travailler).
- L’accessibilité doit se réfléchir de manière généralisée et non pas se limiter à réserver des places d’urgence pour les familles plus vulnérables. Risque de dérive et de stigmatisation de ces familles qui pourraient en déduire qu’elles n’ont pas d’autre possibilité que celle-là pour avoir une place en milieu d’accueil.
- Les parents en situation de pauvreté peuvent éprouver une grande difficulté à se projeter mais aussi à anticiper. Ils pensent, pour certains, que les milieux d’accueil ne sont pas pour eux. De nos jours, pour avoir accès aux structures d’accueil de l’enfance, il faut anticiper. Un changement de mentalité mais aussi de pratiques pour rendre les structures accessibles aux familles les plus vulnérables est donc à opérer. La réforme MILAC va dans le bon sens mais manque de moyens.
- Important de sortir des schémas classiques pour offrir de l’accessibilité. Pour trouver un bon équilibre, il faut tenir compte du cadre et des besoins des familles et des enfants, de la souplesse, de la flexibilité.
- Augmenter le temps d’encadrement dans les milieux d’accueil pour répondre davantage aux besoins des familles. Travail à faire pour trouver un équilibre entre les besoins des enfants, des équipes et de la collectivité.
- L’accessibilité se joue aussi dans les quartiers. Importance de réfléchir ensemble, en réseau, au niveau local, avec des partenaires de quartier, pour que les familles se sentent les bienvenues, accueillies et concernées.
- L’accessibilité se travaille avec les familles pour mieux cerner leurs besoins et leurs proposer des services en lien avec les besoins émis tant au niveau des structures qu’au niveau des plages horaires.
- Important de travailler sur l’offre en matière de places d’accueil.
- Freins: tensions entre familles qui travaillent et les autres, manque de place, lourdeur des procédures d’inscriptions, la digitalisation des procédures d’inscription, discours clivants et stigmatisants, le coût financier, l’uniformisation des MA, le manque de moyen, …
- Leviers : la réforme des milieux d’accueil (malgré le manque de moyens), la volonté des professionnel.le.s de co-constuire une réflexion commune sur l’accessibilité, le travail en réseau (meilleure connaissance du terrain), …
Pour aller plus loin :
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Avec Josiane Wolfs (présidente du CAL BW) et Jacques Ternest (ancien président de la FILE)
La FILE est une fédération de pouvoirs organisateurs publics et associatifs laïques de milieux d’accueil. La laïcité et ses valeurs sont au cœur de notre fédération.
La laïcité permet un accueil inconditionnel de chaque enfant, une posture de non-jugement, de neutralité, d’impartialité, de solidarité, de respect et d’égalité. Que relève ce principe de laïcité lorsqu’il s’inscrit dans les pratiques pédagogiques des milieux d’accueil ? A partir d’exemples concrets du terrain, la question « qu’est-ce qu’être un.e éducateur.rice/accueillant.e laïque » a été abordée dans ce groupe de travail.
Le concept de laïcité
Comme texte de référence, nous pouvons prendre la Déclaration universelle des droits de l’homme : Article 18 « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites ».
L’objectif de la Laïcité est que toute personne puisse exprimer ce qu’il est avec le droit pour lui de croire ou pas sans prétendre détenir la vérité.
Comment se manifeste la Laïcité dans les Milieux d’accueil ? Quel rôle peut-elle jouer concrètement ?
Un milieu d’accueil est une communauté d’enfants et de familles plurielles sur nombre d’aspects et notamment concernant les croyances et non croyances et leur expression. Certaines émanent eux-mêmes d’un mouvement religieux. La limite de l’expression admissible de ces croyances est définie par l’intérêt supérieur de l’enfant.
La laïcité est en lien avec l’accessibilité : le code de qualité invite les organisateurs à permettre à tous les enfants d’être accueillis sans distinction. L’inclusion, chère à la FILE et à l’ONE, découle du principe d’accessibilité mais demande aux milieux d’accueil un pas supplémentaire vers plus d’ouverture et d’engagement.
La diversité des familles et l’expression de leurs croyances, de leur culture face au bien-être des enfants génèrent inévitablement des débats au sein de la crèche pour savoir quelle est la limite à poser. La Laïcité propose une piste de solution par l’approche philosophique du débat qui permettrait un échange apaisé dans les équipes et avec les parents autour de ces questions. Elle demande donc que les milieux d’accueil soient apaisés par rapport à qui ils sont et qu’ils soient transparents par rapport aux parents avant qu’ils inscrivent leurs enfants, ce qui permettrait d’avoir des relations positives. Garder le lien doit être une priorité.
La Laïcité peut être une ressource dans le travail sur l’accessibilité et peut représenter le cadre neutre qui sécurise et permet un débat apaisé.
La posture professionnelle
Nous pourrions définir la posture d’un.e professionnel.le laïque de l’éducation de cette manière :
- Ecoute dépourvue de jugement sur la personne, ce qui n’interdit pas de rectifier le discours ou le raisonnement.
- Posture d’impartialité, qui passe par la neutralité de l’éducateur.rice. Ce qui signifie qu’il.elle doit se tenir à équidistance de toutes opinions philosophiques, politiques, religieuses.
- Notion indissociable de liberté, d’égalité, de solidarité avec ce que cela sous-tend du droit à un niveau de vie suffisant pour chacun
- Privilégier l’ HUMAIN
- Grandir et faire grandir
- Notion basée sur l’émancipation. Ce qui implique les valeurs de :
- respect
- éducation
- information (contre l’ignorance)
- empathie
- bienveillance
Pistes à explorer :
- Formation : Enseigner la méthode philosophique du débat dans les milieux d’accueil comme outil autour des questions d’accessibilité, de vivre ensemble et d’inclusion de tout type
- Faire entrer la philosophie pour les enfants dans les milieux d’accueil
- Offrir un espace aux professionnel.le.s pour déposer leurs questionnements sur les pratiques de la laïcités en milieu d’accueil et certaines situations dans lesquelles il.elles se sont trouvé.e.s en difficulté
Pour aller plus loin :
– Laïcité Brabant wallon est la régionale du Centre d’Action Laïque active dans la province du Brabant wallon (il en existe dans chaque province). Ses activités sont multiples, allant de la tenue d’animations et d’ateliers philo à la gestion d’une école de devoirs, de l’organisation de conférences et pièces de théâtre à la publication d’une revue philosophique pour les 8-13 ans ou de la réalisation de cérémonies laïques à l’organisation d’échanges internationaux de jeunes.
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Avec Alain Vaessen (directeur général de la Fédération des CPAS) et Dominique Van de Sype (secrétaire général de l’UNIPSO)
La FILE fédère et regroupe tant des pouvoirs publics (Communes, CPAS, intercommunales) que des opérateurs associatifs. Notre fédération est convaincue de l’importance et de la complémentarité de ces deux secteurs non-marchands. Nous sommes membres de l’Unipso et l’Unisoc, deux fédérations intersectorielles non marchandes et nous collaborons régulièrement avec les regroupements de communes et CPAS (Fédération des CPAS, Brulocalis, UVCW…). Pour cet atelier, nous avons eu l’occasion d’écouter deux représentants de ces secteurs sur les opportunités des collaborations pouvoirs publics/secteur associatif.
Au sein d’un territoire, le secteur de l’accueil de l’enfant (petite enfance et accueil temps libre) est assuré complémentairement par des acteurs publics et associatifs. Ces deux mondes, aux réalités, missions et objectifs parfois bien différents coexistent. Leur collaboration et leur partenariat semblent pourtant bien indispensables afin d’ancrer le secteur de l’accueil dans la sphère non-marchande et pour répondre ensemble aux besoins sociétaux, en plaçant l’enfant au centre des discussions.
Les milieux d’accueil présentent une grande diversité : origines, financements, barèmes salariaux, cadres de fonctionnement… tout en poursuivant globalement le même objectif, en proximité des familles et en se focalisant sur le bien-être des enfants.
Les collaborations entre pouvoirs publics et asbl doivent s’inscrire dans une même philosophie (soutien aux familles, bien-être des enfants, mise en œuvre de la CIDE, une accessibilité à tous…). Il s’agit de deux mondes différents certes, mais qui voyagent au sein d’une même constellation.
Leurs rapports, sur le plan local, doivent s’envisager sur les modes de décisions, autour des enjeux de développement des secteurs, des maillages et collaborations entre services, les répartitions de tâches ou de missions pour arrimer l’ensemble des intervenants dans un ensemble cohérent entre territoire, pouvoirs subsidiants et associatifs.
Le secteur public et le secteur associatif font face à une charge administrative énorme : ses financements sont multiples, nécessitent des rapports, souvent sous forme de justification des dépenses. Une des premières revendications pourrait être l’autonomie de gestion. Cela rejoint toutes les charges administratives, la simplification, les mécanismes de financement, … Quelle que soit l’institution, cela doit répondre à des normes de qualité (encadrement, infrastructure, alimentation, hygiène…).
Pour le secteur de la santé et de la petite enfance, une piste de solution serait d’avoir une vision politique globale et intégrée sur l’enfance et la parentalité.
Dans le secteur de l’accueil de l’enfance, c’est souvent le grand écart entre la finalité et les financements (précaires et morcelés).
Il semble indispensable pour les participants de l’atelier que des changements de posture interviennent :
- Parler de l’accueil de l’enfance comme un investissement
- Eviter d’aborder les choses exclusivement sous l’angle du financement
Le « non marchand » devrait être nommé « le profit social », afin d’avoir une vision positive du secteur et de son impact. En effet, ce qui est commun aux pouvoirs publics et aux asbl, ce sont des retombées positives des services offerts à la population. En plus des places d’accueil, cela donne accès à l’emploi, créée des cohésions sociales, amène des fonctions éducatives et des fonctions sociales et bien évidemment cela participe au bien-être, à la prévention… Il n’y a pas que l’aspect économique qui compte, mais aussi l’aspect social (bien que les deux soient liés). Il faut conserver l’accueil de l’enfance dans le secteur à profit social pour arriver à des alliances intéressantes au bénéfice de tous les enfants.
Pistes à explorer :
- Mutualisation des moyens et des ressources car les petites institutions n’ont pas accès aux compétences de haut niveau en ce qui concerne les technologies IT, la comptabilité, le RH. Elles ont besoin de se regrouper.
- Nécessité d’avoir une coordination sociale qui garantisse cohérence et globalisation
- Identifier et défendre ensemble le secteur de l’enfance.
- Évaluer ce que l’on perd en termes de service à la population (dans une perspective d’égalité des droits) s’il n’y a pas d’investissement dans la petite enfance.
- Au niveau du personnel : améliorer l’attractivité des métiers car il y a de plus en plus de pénuries liées à la rémunération. De nouveaux statuts dans les entités par secteur, satisfaire le statut différencié.
- Au niveau de la posture : sortir de ce concept économique et avoir l’audace de se revendiquer avec nos spécificités, nos forces et nos expertises.