Gifle, fessée, humiliations… la violence jamais éducative.
Elle doit être explicitement interdite.» C’est l’avis du Délégué général aux droits de l’enfant.
La Belgique est au ban des nations qui ont interdit les violences éducatives. Ces violences ordinaires questionnent la place de l’enfant dans notre société. Laisser entendre que l’usage de la violence pour éduquer serait « pour le bien » de l’enfant revient à remettre en question sa qualité de sujet de droit à part entière. L’enfant n’est ni un « mini-adulte » ni une « quasi-personne ». Il est titulaire de droits subjectifs. L’enfant nait et demeure égal en droits et en dignité à l’adulte qui a le devoir de prendre en compte ses besoins spécifiques et son extrême vulnérabilité. Et, parfois, malheureusement, la violence dite éducative tue encore dans notre pays.
Quoi qu’en disent ses adeptes, la violence dite éducative n’est pas « normale » ou naturelle. C’est une construction sociale. Elle n’est ni utile, ni pertinente, ni nécessaire. Elle est toujours synonyme d’échec. Elle n’est pas efficace, au contraire, son caractère contre-productif a été démontré par de nombreux scientifiques. La violence fragilise la confiance en soi, l’estime de soi et l’image que l’enfant a de lui-même. Elle altère la relation entre l’enfant et l’adulte et peut causer des dégâts, parfois irréversibles, à l’intégrité physique, psychique, psychologique, émotionnelle, morale et affective des enfants qui en sont victimes.
En revanche, il est aussi prouvé que les adultes qui sont capables d’apaiser, d’écouter, de rassurer, de sécuriser et de consoler l’enfant participent grandement au processus de maturation de son cerveau. Ils deviennent ainsi acteur du développement de ses capacités sociales, cognitives et affectives. L’enfant a besoin de se sentir compris, soutenu et encouragé. Il a besoin d’amour et d’affection. Il a besoin d’une écoute active et empathique, d’un cadre structuré et structurant au moyen de règles qui font sens.
Eduquer sans violence ce n’est pas, pour autant, être laxiste ou tout accepter. Eduquer positivement implique, au contraire, de fixer clairement des règles et des interdits. Les enfants ont besoin de balises et de se confronter à des adultes qui font barrage et veillent au respect du cadre qui les protège. Il est possible d’être à la fois strict et bienveillant.
Il est illusoire de penser que nous allons convaincre et nous débarrasser de la fessée du jour au lendemain. Le Délégué général aux droits de l’enfant n’entend pas se substituer aux parents ou fournir des recettes simples qui auraient valeur d’incantations. Il relève de ses missions de permettre à la Belgique d’entrer dans la liste pays européens qui ont franchi le pas de l’interdiction des violences dites éducatives dans leur législation. Par ailleurs, interdire les violences éducatives ordinaires dans notre cadre légal doit s’accompagner de campagnes de sensibilisation et d’outils de « capacitation » et d’accompagnement des familles et des professionnels de l’enfance et de la jeunesse.
Le Délégué général en publiant cet avis, fait offre de service pour accompagner celles et ceux qui prendront la décision courageuse de faire avancer notre pays vers le progrès et une éducation non violente pour tous nos enfants.